Essai n°3- SITUATION DE LA PARITÉ GENRE AU SEIN DE L’UEMOA

Publié le 9 juin 2015 par Valentine SAMA, Consultante en Economie de Développement

La promotion du genre est l’une des priorités globales de l’UNESCO[1], et a pour but de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, dans sa programmation. L’égalité des sexes n’est pas seulement un droit humain fondamental, mais aussi elle constitue une base indispensable pour la création de sociétés pacifiques et durables. Selon le rapport des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) 2014, d’importants progrès ont été accomplis à l’égard du troisième objectif qui stipule la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Par ailleurs, plusieurs études ont relevé l’impact positif de l’implication des femmes dans le processus de développement d’un pays.

C’est ainsi que Stendhal dans son essai De l’Amoura abouti à la conclusion selon laquelle : « l’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain ». Selon lui, la réduction des inégalités existantes entre les femmes et les hommes conduit nécessairement à une accélération de la croissance et la redistribution des richesses produites.

Au regard de l’évolution remarquable de certains pays membres de l’UEMOA par rapport à cette thématique, beaucoup d’efforts doivent être engagés au niveau sous régional afin de relever le score des pays à la moyenne de l’espace UEMOA.
Ainsi, le graphique ci-après illustre clairement la situation de la parité genre dans cette zone.
graphique2                                               Sources : Données Mo Ibrahim, traitement de l’auteur

De ce graphique, il ressort que le score moyen de l’UEMOA est de 53.2%. Seulement 2(deux) pays notamment le Bénin et le Sénégal sont au-dessus de cette moyenne. Quant au premier, il doit ce score aux efforts entrepris dans les secteurs de l’éducation avec une représentation assez équilibrée des filles et des garçons. Le Sénégal pour sa part, a enregistré ce score fort encourageant (71.4), largement au-dessus de la moyenne en raison de prouesses faites quant à la participation des femmes à la vie active (20% des ministres, 42,7% des députés) et à la représentation égalitaire en zone rurale.

Par ailleurs, d’autres pays à l’instar du Togo (17.6% des députés ; 23,07% des ministres et un pourcentage de 53% des femmes œuvrant dans le secteur agricole) et du Burkina-Faso (13,3% des députés) ont enregistré des efforts dans les secteurs susmentionnés. Cependant, 4(quatre) pays de la zone sont encore loin de la moyenne de la zone, avec des scores tous inférieurs à 40%. Il s’agit de la Côte d’Ivoire (33.7%), de la Guinée-Bissau (38.5%), du Mali (39%) et du Niger (28.6%).

De manière générale, tous les pays de la zone ont à inscrire à leur actif la législation contre la violence faite aux femmes.

En définitive, beaucoup de réformes restent à engager dans les administrations publiques dans la zone UEMOA, relativement à l’égalité des sexes sur le lieu de travail et au sein des gouvernements, de même que la représentation des femmes dans les grandes instances décisionnelles de ces pays.

                                                                                                                  

  Valentine SAMA, Consultante en Economie de Développement

 

[1] Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture.

11 Comments

  1. analyses pertinentes. Sur la question de la représentativité des femmes, je dirai qu’elle ne doivent s’attendre que les places qu’elles réclament leur soient donné mais, elles doivent démontrer leur capacité à les assumer et d’ailleurs mieux que les hommes. De toutes les façons les droits sont universelles et non discriminatoires. Elles ont du potentille et cet article en est une illustrations parfaite.

  2. Article très utile. Le Togo doit s’inspirer du modèle sénégalais. Le Sénégal est un pays à forte dominance musulmane, et dans la culture musulmane, la femme est faite à rester au foyer, s’occuper des enfants , les activités qui lui étaient destinées étaient l’agriculture et le commerce.Dans la sous-région, Le Sénégal a amorcé un changement sans précédent dans ce domaine.L’alphabétisation de la jeune fille, ses études universitaires et même la formation continue des femmes salariées ou non, sont de plus en plus encouragées. C’est dans ce sens que l’ont retrouve dans de grandes instances de décisions un nombre assez élevé de femmes.

    Penser prochainement à nous citer vos sources( concernant les chiffres) et nous dire si les chiffres sont récents ou non.

  3. I think that women have the ability to be also leaders in all domain,they just need the right to education as boys.It is not impossible,The percentages in the article show it.In our country too girls education must be vital to have today great women leaders and in future great great women leaders.

  4. Valentine, je tiens à vous féliciter pour cet article. Vous êtes en train de confirmer votre retour dans votre pays qui a besoin de vous pour poser les jalons d’un développement durable et espérer votre fameux émergence en 2030.

  5. Voilà une analyse pertinente qui vient illustrée les efforts, aussi maigres qu’ils soient, entrepris non seulement par l’Etat, mais aussi par les ONG et les partenaires de développement du Togo pour réduire les inégalités liées aux genres.
    Par ailleurs, il faut relever que la femme à toujours joué un rôle de choix dans l’économie togolaise depuis la prestigieuse période des nanas Benz dans les années 1970-1980, où elles contribuaient à près de 40% à l’activité économique.

  6. Cet article est plus que d’actualité, si l’on se souvient de la célébration de la 20ème journée internationale de la femme au TOGO (le 06 mars 2015) placée sous le signe de l’« Autonomisation des femmes – autonomisation de l’humanité : Imaginez ! » et national : « Autonomisation des femmes pour la prospérité du Togo ». Outre les efforts du gouvernement, les femmes doivent prendre conscience qu’elles sont seules détentrices de la clé de leur autonomisation. Elle dispose d’un package intellectuel indéniable ajouté au cadre juridique de l’UEMOA et celui du Togo en particulier, elles n’ont plus d’excuse.
    On ne peut que dire merci à Valentine pour le réveil et la portée universelle de son article.

  7. La parité genre? Décision très stupéfiante pour un pays comme le Sénégal ! Et bravo pour le Togo, mais ça ne doit pas s’arrêter là.D’accord !!! Mais… reste-t-il à savoir comment celles-ci ont compris l’expression? La parité est-elle synonyme de rébellion? Je pense qu’une sensibilisation sur le sens même du terme est nécessaire.

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