ANALYSE COMPARATIVE DE L’EMPLOI DES JEUNES DE LA CEDEAO ET PRECONISATIONS
L’emploi est non seulement un facteur de croissance économique mais surtout un moyen de redistribution de revenus. A priori, les indicateurs de chômage dans les pays de la CEDEAO sont pratiquement les mêmes. Le vrai problème c’est comment créer de l’emploi ? Notons que le chômage est le phénomène qui traduit l’état d’inactivité d’une personne souhaitant travailler. De nos jours, l’emploi est devenu un véritable défi mondial à relever. C’est pourquoi les gouvernements mettent en œuvre des politiques de création d’emploi de façon à réduire considérablement le chômage. Cette étude touche pratiquement toutes les catégories à savoir les jeunes déscolarisés, les sans-emploi et met en lumière la cartographie du marché de l’emploi par une analyse des taux de chômage des jeunes femmes, des jeunes hommes, total et du ratio emploi-population de tous les pays de la CEDEAO.
Il ressort que dans l’espace CEDEAO, le taux de chômage des jeunes femmes de 15-24 ans est plus important au CAP-VERT et au SENEGAL avec des taux respectifs suivants 25,9% et 18,6%. Par ailleurs, certains pays comme la GUINEE, le BENIN, la SIERRA-LEONE, le GHANA, la COTE D’IVOIRE, le LIBERIA et le NIGER ont maintenu le chômage (jeunes femmes 15-24 ans) à un niveau très bas c’est-à-dire avec des taux compris entre 0 ,9% et 5,8%. Le TOGO et les autres pays ont un taux intermédiaire compris entre 11% et 15%.
Le taux de chômage des jeunes hommes de 15-24 ans est très important au CAP-VERT (14,4%) et au NIGERIA (13,2%) dû à la force du secteur économique illégal, tandis que ce taux est très faible (taux compris entre 1,5% et 3,5%) dans les pays comme le BENIN, la GUINEE, le GHANA et le LIBERIA. Le TOGO et les autres pays ont des taux moyens compris entre 6% et 10,5%.
Dans les pays comme le SENEGAL, le CAP VERT et le MALI, les taux (chômage total de la population) sont considérables allant de 8,1% à 10% alors que dans les pays comme le BENIN, la GUINEE, le GHANA la SIERRA LEONE, le LIBERIA et la COTE D’IVOIRE les taux sont moindres et compris entre 1% et 4%. Les taux dans les pays comme le TOGO et les autres sont modérés et compris entre 5,1% et 8%.
En 2014 selon l’OIT, dans l’espace CEDEAO, le ratio emploi-population, personnes âgées de 15 ans et plus est très considérable dans les pays comme le BÉNIN, le BURKINA-FASO, la GUINÉE, la GAMBIE et le TOGO compris entre 71% et 81% alors que les autres pays ont pratiquement les mêmes taux qui fluctuent entre 52% et 68%.
ANALYSE
L’analyse comparative de l’emploi des jeunes des pays de la CEDEAO montre que la question de l’insertion économique et professionnelle des jeunes est inscrite dans les priorités nationales de ses pays membres. Pour réduire le chômage, des mécanismes sont mis en place. En exemple, le plan stratégique de réduction du chômage qui comprend les interventions dans les politiques macroéconomiques, privilégiant la création d’emploi tout en assurant la stabilité. Certains pays mettent l’accent sur les politiques et les stratégies nationales visant à accroitre la productivité, augmenter le revenu et améliorer les conditions de travail du secteur informel. L’instauration du programme AIDE et le programme de Volontariat dans certains pays permettent aux jeunes d’être actifs dans la vie socioprofessionnelle et leur donnent ainsi l’expérience mais contribuent aux sous-emplois au détriment d’emplois stables et décents. Au Togo, les statistiques indiquent que le taux de chômage a diminué alors que le sous-emploi est en croissance (Enq. QUIB 2015). De plus, les différentes crises économiques que connaissent les pays du Nord et les matières premières des pays du Sud qui sont en perpétuelle dégression ne promettent pas un décollage immédiat de l’économie. En effet la Chine a considérablement réduit sa demande en matières premières et est plus portée ces dernières années vers les biens de consommation et de services ; la croissance mondiale est toujours modeste. A cela s’ajoutent les facteurs de décroissance comme la corruption, l’impunité et l’insuffisance de diversification de l’économie due à la rente pétrolière et des autres matières, l’instabilité politique, le cadre bancaire très peu motivant, la monopolisation de l’activité par une minorité au pouvoir qui détourne les richesses à son profit empêchant ainsi l’existence d’un marché concurrentiel, qui devrait en principe booster fortement l’emploi et la consommation. Ajouté l’insuffisance de recherche au niveau des politiques et des universitaires sur un modèle économique qui cadre avec les réalités endogènes de chaque État.
Comment alors favoriser la croissance économique au profit du capital emploi ? Une question qui se pose à l’État est de savoir comment est-il possible de la favoriser sachant que, pour l’essentiel, ce sont les entreprises qui produisent des richesses, le secteur privé étant le plus grand pourvoyeur d’emplois. 40 000 demandeurs d’emplois arrivent chaque année sur le marché de l’emploi togolais dont la plupart sont des jeunes (Enq. QUIB 2015). Faut-il revaloriser le salaire de base (SMIG) ? Faut-il faciliter l’accès au crédit à un taux d’intérêt bas pour que les entreprises puissent accroître leurs capacités de production ? Faut-il que l’État favorise le progrès technique (alternance École/Métier, les lycées techniques …), les biens économiques ? Faut-il que l’État relance l’activité pour faire repartir la demande en cas de difficultés des entreprises ? Comment promouvoir au mieux la formation technique pour le marché à l’emploi libéral ?
A ces réalités il revient à chaque État compte tenu de sa spécificité et de ses atouts internes d’impulser l’innovation en développant des marchés durables. Ce qui peut être facilité par la décentralisation aussi. Pour ce qui concerne le Togo, en dehors de l’ANPGF dont le budget annuel est insignifiant pour répondre à la demande,
- l’État doit fortement promouvoir les PME/PMI par la création impérative d’un Fonds d’investissement public très solide (à partir des recettes domestiques pour ne pas augmenter la dette publique qui est estimée à 75% du PIB national actuellement) en faveur des entreprises privées sérieuses et pourvoyeuses d’emplois afin de relancer l’économie nationale dont le PIB 2016 est en baisse et selon les prévisions du FMI (nov. 2016), le Togo va progresser mais ne devrait pas dépasser 5,6% en 2021. Nous savons tous que les banques dans la CEDEAO et précisément au Togo ne misent pas sur les PME/PMI. Elles manquent de jugement pour détecter les entreprises à potentialités et s’abstiennent au moindre risque pour les accompagner ; nous avons alors en face des banques de dépôt et de retrait dont tous les services sont facturés aux clients pour plus augmenter leur rentabilité. Les relations d’intérêt sont alors à sens unique et ne profitent pas aux petites et moyennes entreprises. Alors que nous vivons dans un monde où l’entrepreneur nage contre le courant, prend des risques pour développer une activité qu’elle soit innovante ou non et qui prend fruit dans le temps.
- L’État Togolais devrait mettre en place un dispositif gagnant/gagnant d’accès à ses réserves pour des investissements agricoles et d’avenir, et promouvoir des mesures incitatives afin de prôner l’autosuffisance alimentaire en 2030 par exemple en dehors du PNIASA et des efforts actuels consentis dans ce domaine.
Pour prétendre atteindre ce niveau, l’État doit avoir une politique budgétaire très rigoureuse et son suivi régulier, le respect des livrables, une volonté très ferme de réduire sensiblement la corruption, le contrôle des marchés et dépassements fantaisistes, une politique réglementaire qui vise à modifier le mode de gouvernance des banques et des institutions sociales, utiliser plus ses ressources internes pour impulser le développement au Togo, et c’est tout à fait réalisable. Sinon la croissance en devenant même réelle pourrait ne pas entraîner automatiquement le progrès économique (les ménages ne le ressentiraient pas dans leur panier).
En effet, il y a progrès économique lorsque les revenus réels de la population augmentent pour tous. Or, il est très possible que les revenus générés par la croissance économique soient accaparés par une minorité de la population. Sans oublier non plus que seule la croissance économique permet la croissance durable du niveau de vie, l’amélioration du bien-être de la population due aux conditions de production, aux types de biens produits, d’où l’intérêt pour l’État togolais de faire des choix d’investissement intelligents et porteurs.
Si l’économie en Afrique subsaharienne continue de dégringoler, comme le prévoit le dernier rapport du FMI, un éventuel ajustement structurel sous un autre vocable, (appelé l’austérité pour la Grèce, Italie…), pourrait conditionner l’octroi d’une assistance financière aux États africains. Ce qui est dénoncé comme une mise sous tutelle abusive ailleurs et serait préjudiciable pour le Togo par exemple.
Rappelons-nous que la « crise » économique a montré combien la croissance était nécessaire pour améliorer la situation du marché du travail et plus largement pour augmenter le niveau de vie. Les enjeux aujourd’hui portent sur la répartition des richesses créées et sur le développement durable. L’anticiper, c’est construire l’épanouissement d’une vie professionnelle future aux jeunes actuels 15-24 ans qui sont nos enfants, frères et sœurs, nièces, neveux, petits-enfants, ce qui ne peut se faire sans une réelle volonté politique de nos États.
Nous remarquons que des efforts ont été fait par le gouvernement en matière de l’emploi des jeunes au Togo. Cependant il se pose un réel problème en ce qui concerne l’inadéquation entre la formation et l’emploi…De réelles avancées doivent être constaté dans ce sens pour sortir la jeunesse togolaise du sous emploi. merci à vous…
Les efforts du gouvernement sont louables mais comme on s’en doute il reste à faire. Ce qui serait bien c’est qu’il fasse un bilan pour tous les programmes qui aident réellement les entreprises les jeunes et l’État lui-même. Pourquoi? Parce que parfois l’on a l’impression qu’il y’a des similitudes entre certains programmes ou ou qu’un programme bien qu’étant plus satisfaisant reçoit moins de subvention qu’un autre qui répond moins aux attentes des bénéficiaires. Il est donc important, comme Mme Valentine SAMA l’a, qu’il faille que l’État revoie sa politique budgétaire.
Merci pour cet article.
Félicitations, c’est vraiment intéressant une étude allant dans ce sens. Je vois que par cette étude des propositions (solutions pour réduire le chômage) sont données. Ces études sont de très belles initiatives afin de proposer des solutions aux problèmes de l’heure tant aux gouvernements qu’aux populations… J’espère que d’ici là ces solutions seront mises en œuvre et que le TAUX DE CHÔMAGE sera considérablement et véritablement réduit dans la sous région voire dans le monde. Merci
Félicitation au gouvernement togolais pour les efforts fournis en matière d’emploi des jeune et à Venlatine S. Pour cet article. Mais il est important de préciser que beaucoup reste à faire en la matiere. Je me demande si réellement le sondage est vrai? Puisque à voir le Togo actuellement le nombre des diplômés surtous l’étendu du territoire, on dirait si le sondage couvre seulement que la capitale Lomé.
Aussi il faut relever l’ampleur de l’inadéquation entre les formations universitaire et le monde du travail! Sachant bien que certains filière ne sont plus porteurs de nos jours pourquoi ne pas les supprimer ? On laisse les jeunes qui se font formé mais après qui souffrent sans emplois!.
Et en fin préciser que si l’Afrique en général et le Togo en particulier veux changer les données, que la gestion des biens publics soient licite et une minorité cesse de s’encaparer des ces bien……